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Nuit Historique en NBA : le Game 1 vers l’égalité a démarré

Photo du rédacteur: David PintoDavid Pinto

Vendredi soir – 1h34 du matin, et incapable de trouver le sommeil, je me décide à enfourcher mon ordinateur pour tenter de transposer ce qui me traverse l’esprit depuis plus d’une journée.

Il s’agit là de mon premier « Papier » véritablement engagé et quel timing compte tenu des évènements survenus.

Car quelle que soit votre opinion concernant ces dernières jours historiques dans l’histoire du Sport US, il est presque impossible de pouvoir nier la portée mondiale de cet ouragan de contestations, à moins d’être journaliste à l’Equipe TV.

Preuve en est de l’impact médiatique générée, avec cet exemple saisissant que fut le reportage dans le JT de 20h de TF1 consacrée à cette dite soirée…

De la NBA dans le journal du soir ! C’est peut-être bel et bien la preuve que la NBA représente quelque chose, même en France. (coucou Sébastien Tarrago)

Ainsi, relatez factuellement les évènements historiques qui se sont déroulés ces derniers jours n’aurait que peu de sens dans ma démarche si cela n’était pas accompagné d’une tentative d’argumentation afin d’essayer de comprendre les enjeux d’un tel mouvement social.

Mouvement qui a débuté par le boycott des Milwaukee Bucks de leur Game 5 du 1er tour face au Magic d’Orlando sur les coups de 22h00 (heure de Paris).

Par la suite, l’effet domino s’est enchaîné provoquant dans la foulée le même sort pour les rencontres entre OKC & Houston et entre Lakers & Blazers.

A ce moment là, ajouté à la stupéfaction de voir pour la toute première fois de ma vie une rencontre boycottée par les joueurs eux-mêmes, je m’interrogeais afin de savoir si ces actes forts allaient demeurer (malheureusement) sans réponses où à l’inverse, s’ils allaient s’inscrire dans un élan, un mouvement social sans précédent qui dépasse là, la simple sphère du sport.

Et honnêtement, la réalité nous a frappé de plein fouet avec une soirée historique à plus d’un titre.

Car il faut bien contextualiser la chose et notamment ce sentiment de révolte et d’injustice qui a amené les joueurs, moteurs de cette vague de boycotts jamais vus aux États-Unis, à refuser de faire ce pour quoi ces derniers sont payés.

Enough is enough !

C’est un ras-le-bol général qu’ont pu hurlé les joueurs NBA au monde entier afin de pouvoir mettre en lumière cette situation qui ne peut plus durer aux US.

Le racisme systémique que subit la communauté afro-américaine (et pas que…) est plus que profondément encré dans l’histoire de ce pays et les évènements des derniers mois qui escaladent dans la violence et le dégoût ont amené irrémédiablement à cette journée historique.

Effectivement, cette bulle revêt une connotation politique et sociale inédite (le mouvement Black Lives Matters étant au centre des attentions) faisant écho aux drames à répétitions qui ont animé les derniers mois (George Floyd, Breonna Taylor et Jacob Blake dernièrement) et la reprise de la NBA, avec toutes les mesures mises en place afin d’éveiller les consciences collectives, était déjà en soit une première dans le sport US.

Mais réduire l’impact du message porté par les athlètes américains à leur seule condition de privilégiés, comme j’ai pu lire ici et là sur les réseaux sociaux serait tellement réducteur et témoigne d’une méconnaissance totale de la dimension sociologique de la NBA.

Une ligue qui, rappelons le, est composée à plus de 80% de joueurs afro-américains, témoins depuis leur plus tendre enfance d’une discrimination encrée dans la société américaine.

Prenons les exemples de stars comme LeBron James ou Kevin Durant, issus de milieux très défavorisés et aujourd’hui figures de proue de la NBA ou encore celui d’un joueur moins médiatisé comme Fred VanVleet, témoin de l’assassinat de son père à l’âge de 5 ans dans un environnement où régnaient drogues et délinquance.

Ces joueurs, coachs, dirigeants, assistants, médecins, kinés et j’en passe, ont vécu, vivent et continueront de vivre de près cette réalité américaine malgré leur statut de millionnaires pour la plupart d’entre eux.

Comme le disait Robert Horry (ancien joueur NBA 7 fois champions) sur NBA TV, sa plus grande préoccupation aujourd’hui n’est pas tant pour lui, qui jouit d’une certaine protection médiatique mais bel et bien pour ses enfants de 14 et 21 ans.

Les larmes aux yeux, Big Shot Rob témoignait de cette crainte de voir un jour, une de ses progénitures victimes de violences et bavures policières.

Il est plus que légitime pour un père de famille afro-américain d’être dans l’angoisse du futur qu’arpenteront ses enfants, notamment par rapport à l’égalité des chances dont ces derniers bénéficieront.

Croyez-vous qu’un joueur comme Patrick Beverley, qui a grandit entre gang, trafic de drogues et violences ne continue pas d’avoir de la famille, des amis, des proches, des connaissances qui, malheureusement, vivent toujours dans les mêmes conditions terribles qu’il a jadis connu ?

Je dirais que les joueurs NBA sont des témoins privilégiés, non pas par leur seule ascension sociale acquise à la sueur de leur front et de leur talent balle en main, mais par leur immersion dans la réalité sociale américaine qui leur permet de témoigner et de se dresser comme portes drapeaux devant ce racisme systémique qui sévit outre-Atlantique.

En effet, s’imaginer en 2020 qu’un contrat NBA est synonyme de totem d’immunité pour un afro-américain est complètement erroné…

Les exemples sont légions sur ces dernières années, entre l’agression de Thabo Sefolosha à NY en 2015 par des agents du NYPD en passant par les coups de taser reçus par Sterling Brown suite à un stationnement gênant en 2018.

Pour toutes ces raisons évoquées, cette légitimité dans leurs actions a été selon moi clé dans la tournure qu’ont pu prendre les évènements dans le restant de la soirée et des jours qui ont suivi.

Car, si vous l’ignorez encore, les athlètes américains, tout sport confondus, se sont mobilisés comme jamais en soutien à ce boycott historique.

Le Basket féminin, le baseball, le soccer, le tennis ont suivi le mouvement entraînant une vague d’annulation de rencontres sans précédents… Le message véhiculé par la grande ligue résonnait comme jamais au pays de l’oncle Joe, porté par cette caisse de résonance incroyable qu’est la bulle d’Orlando.

Au final de la soirée, et en essayant de prendre un semblant de recul face à tout ceci, je me rendais compte de la portée incroyable de cette vague de protestations, qui s’inscrit plus que jamais dans la culture sportive américaine.

Sur ce point, les athlètes afro-américains ont toujours été impliqués politiquement et civiquement afin de dénoncer les inégalités sociétales entre blancs et noirs et ainsi obtenir plus de droits pour leur communauté.

De Mexico 1968 et le soutien aux Black Panthers, en passant par Mohamed Ali ou bien Kareem Abdul-Jabbar, l’histoire du sport US s’est écrit à l’encre des grandes batailles civiques des dernières décennies.

L’onde de protestations née et faisant écho au mouvement BLM ne fait que s’inscrire dans cette culture du sportif américain désireux de tirer partie de la plateforme que peut lui offrir son statut de sportif professionnel et d’icône mondial.

Bien qu’étant à des milliers kilomètres, la puissance du message porté et véhiculé a résonné comme jamais dans mon plus fort-intérieur et il est temps que les choses changent.

Je suis persuadé que cette première pierre posée par les athlètes américains sera le début d’un changement profond que se doivent d’emprunter les États-Unis.

A ce titre, il ne s’agit pas, selon moi, d’un épiphénomène sans lendemain.

Les acteurs de la NBA, conscients de la raisonnance de leurs paroles, se doivent de faire bouger les lignes en compagnie des propriétaires de franchises, des dirigeants de la ligue afin d’obtenir les réformes tant attendues.

De plus, la proximité de la prochaine élection américaine devient d’autant plus capitale dans la capacité pour les américains de saisir l’importance du choix qui sera le leurs.

Je ne veux pas me pencher sur l’étendue du travail à accomplir que ce soit sur la question de l’éducation, du rapport à la justice pour la communauté afro-américaine sans oublier toutes les autres catégories éthniques qui constituent le pays ou bien de la question du port d’armes.

D’autres spécialistes le feront de manière beaucoup plus précise et détaillée que moi.

Mais quoi qu’il en soit, nous avons vécu mercredi une soirée en tout point historique.

Aura-t-elle la même place dans l’histoire que le geste des sprinteurs américains sur le podium de Mexico en 1968 ?

Probablement pas dans la dimension symbolique de la chose, mais je reste humblement persuadé que de cet ouragan de protestations inédit aux US va pouvoir naître un mouvement plus conséquent et qui amènera de véritables changements sociétaux sur place.

Force est de constater que la situation n’a que peu évolué depuis 60 ans, et c’est là où ce mouvement semble puiser sa force : dans la farouche volonté de celles et ceux qui le portent de ne pas commettre les mêmes erreurs que par le passé.

Il faut s’interdire que ce mouvement puisse être épisodique afin d’en faire l’élément fondateur de quelque chose d’encore plus grand.

Comme ma grand-mère aimait me le rappeler enfant: “N’oublions pas que les plus grandes fôrets sont toutes nées d’une petite graine”.

J’ai l’intime conviction que cet adage s’appliquera à cette vague de boycotts.

C’est pourquoi je reste persuadé que tout un chacun se doit d’apporter sa petite pierre à l’édifice en offrant ce que les athlètes afro-américains recherchent le plus : l’attention médiatique sur le sort que traversent ces concitoyens de la part du monde entier devant ses problématiques sociétales afin d’éveiller les mentalités sur ces sujets.

J’espère que le futur pourra me donner raison dans mes convictions mais quoi qu’il en soit, je suis fier aujourd’hui de crier haut et fort mon amour pour ce sport et pour cette ligue et encore plus avec le combat qui est en train d’être mené.

En attendant, nous avons pris notre mal en patience avant le retour de la NBA samedi dernier et de ces playoffs si passionnants que nous vivions jusque là.

Mais le gôut des rencontres à venir ne sera probablement plus le même et c’est avec une toute autre perspective et approche que la planète Basket scrutera les semaines et mois à venir ce qui se passera en NBA.

Nous ne sommes qu’au Game 1 d’un long combat acharné qui, on l’espère, connaîtra une fin heureuse.

RDV au Game 7 !

✊🏿✊🏾✊🏽✊🏼✊🏻

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